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the smile expedition

15 novembre 2010

Semaine 1/4

Nous aurons finalement pagayé 745 km au lieu des 870 prévus.


 L’Automne pointe déjà son nez et l’été nous a définitivement tourné le dos. C’est la période que nous avons choisi pour notre thalassothérapie dans le coin le plus méridional de notre vieille Europe, la Mer de Libye. Début Octobre, village de Néapoli à l’extrème sud du Péloponnèse, le Melthem a perdu de sa virulence estivale, nous avons une fenêtre de 4 semaines entre les derniers vents étésiens et les premières tempêtes d’hiver pour rallier en relative sécurité Rhodes via la Crète...

Le clip de l’expé sur Vimeo.

ClipZeusVignette

   

 

 

 

 


Tous les commentaires en italique sont de Mika Charavin notre routeur qui rédigeait quotidiennement un billet d’après nos textos. En romain, mon récit paru dans Kayak Mag.


Jour 1 / Jeudi 30 Septembre 2010

Neapoli > Cythère (village de Diakofti)
Distance: 27 km / 14,5 miles
Durée de navigation: 15h50 > 20h50
Vent: Sud 1 Température: 29°

Expédition commencée ! Ils ont quitté les rives du Péloponnèse...

La mise à l’eau s'est effectuée à 16 heures heure locale (17 heures en France), sur la plage de Pounda, à proximité du village de Vinglafia, presque à l'extrémité de la pointe orientale du Péloponnèse. Ils ont décidé de ne pas bivouaquer sur la petite île d'Elafonissos comme prévu mais de continuer et de doubler cette première étape profitant de conditions de vent particulièrement clémentes.

IMG_0014___copie  © T.Puyfoulhoux

Ils ont donc longé la côte orientale de Cythère jusqu'à la nuit (21 heures). Ils gagnent ainsi une journée sur le programme prévu. Autant de temps qui leur garantira une marge supplémentaire pour s'engager dans de bonne conditions dans les plus longues traversées à venir...

Ils devraient être demain soir à la pointe sud de Cythère si tout se passe bien...

L’embarquement pour Cythère

Il est presque 16 h quand nous mettons à l’eau sur cette petite plage de Néapoli à l’extrème sud du Péloponnèse.
Pierre-Étienne, Tristan et moi nous sommes rencontrés sur le forum d’EVO quelques mois auparavant et nous voici enchaînés à la même galère pour au moins trois semaines...
Deux heures maintenant que soleil a cessé d’embraser le Golfe de Laconie. C’est la nouvelle lune, on n’y voit goutte mais nous sentons l’odeur de Cythère: un mélange de bois mouillé et de garrigue. La voie lactée décrit sa grande diagonale vers le Sud-Ouest. Nos étraves déclenchent des feux de Bengale sous la surface et en trempant nos bras dans l’eau, des poussières d’étoiles s’accrochent à nos vêtements. Ce plancton fluorescent ne cessera de nous étonner à chaque navigation de nuit.
Enfin voici Diakofti; sur cette étroite plage, le plancher d’une guinguette d’où sortent des troncs de tamaris blanchis à la chaux sera notre cuisine et notre dortoir. Au loin, des pêcheurs font griller des sardines sur la jetée. Nous retrouvons l’ambiance semi-désertique des Cyclades ainsi que sa végétation: palmiers, lys de mer, scylles maritimes, origan, myrtes, chênes kermès. La pièce est commencée, fin de l’Acte I.


 Jour 2 / Vendredi 1er Octobre 2010

Cythère: Village de Diakofti > Plage de Firi Ammos

Distance: 14 km / 7,5 miles

Durée de navigation: 10h30 > 13h20
Vent: Nord-Est 3 Température: 26°

Sous le charme d'Aphrodite

Vent: NE3, nos trois Ulysse bouclent cet après-midi leur navigation le long de la côte orientale de l'île de Cythère. C'est ici même qu’Aphrodite, déesse grecque de l’amour, des plaisirs et de la beauté, fille de Zeus et d’Océan, née de l’écume, sortit des eaux, avant d’être poussée par le doux Zéphir vers les côtes de Chypre. Son désir d'être la plus belle sera à l'origine de la Guerre de Troie...

IMGP0001copie © P.E.Viguier

 Située à la "confluence" de trois mers (Egée, Ionienne et de Libye), Cythère est étonnement rattachée aux îles de l'Eptanèse (les îles de la mer Ionienne : Corfou, Paxi, Leucade, Cephalonie, Ithaque, Zante...) dont elle est la plus méridionale. Elle ressemble cependant plus à une île des Cyclades par son architecture et son paysage.


Montagneuse, elle bénéficie d'un climat agréable, rafraichie par la brise en été. Elle est une des îles les plus ensoleillées de la Méditerranée ce qui la rend agréable et attirante pendant presque toute l’année.


Peuplée d'environ 3000 habitants, l'île est parsemée de nombreux villages et hameaux, dont les plus grands sont Potamos, Livadi et la capitale, Chora. Cythère reste pourtant une île faiblement peuplée : son environnement naturel est encore bien préservé.

Mais revenons à notre épopée : aujourd'hui, l'équipe a pu naviguer sous voile ; résultat : du 5 km/h sans même pagayer ! Ce soir, ils ont installé les hamacs sous un carbet de palme, à quelques encablures du cap Kapelo au sud-est de l'île. Anticythère, et même la pointe nord-ouest de la Crète, sont en vue. Selon les infos reçues, il fait 26 °C hors de l'eau et 24 dedans ! De quoi laisser rêveur...

Demain, une première grosse étape, loin de toute côte, les attend pour rallier la pointe nord, puis sud d'Anticythère. Pourvu qu'Eole (le maître des Vents) et Poseidon (dieu des mers et des océans en furie) se montrent cléments !

De Cythère à .... Cythère.

Il est 7 heures; des familles de butors s’envolent des palmiers en aboyant comme des chiens. Trois villageois retapent une barque à 20 mètres de notre campement. Au Sud se dessine Anticythère ou nous serons demain.
La tentation est grande de la rejoindre dès aujourd’hui, la pure lumière de ce matin d’automne semble abolir les distances. On se plaît à rêver de ce que ces paysages auraient inspiré à Cézanne et l’on se ravise vite, cette beauté n’a nullement besoin d’être sublimée, elle est là tout simplement et il suffit d’ouvrir les yeux.
Un petit vent de Nord-Est nous permet de nous familiariser en douceur avec nos voiles.
Firi Ammos: notre courte étape s’achève ici. Une longue plage de gravier rouge flanquée d’une petite grotte marine et surmontée d’un carbet au toit de palmes. Comme elle est orientée Est, nous ne profiterons pas longtemps du soleil, il fait 26°.


Jour 3 / Samedi 02 Octobre 

Cythère > Anticythère (Stavroto Bay)
Distance: 46 km / 25 miles
Traversée: 32 km / 17 miles
Durée de navigation: 06h05 > 13h30
Vent: nul puis Sud 1 et 3 Nord-Est

Doublés par des poissons volants !

Thierry, PE & Tristan ont quitté Cythère tôt ce matin afin d'aborder cette première longue traversée sous des auspices favorables. La présence de plancton fluorescent a accompagné leurs premiers coups de pagaies, encore nocturnes. Irréel !


Contrairement aux indications données par les prévis météo transmises, cette traversée de 32 km (entrecoupée par un passage à proximité d'un îlot rocheux solitaire au km ....32) s'est faîte sur une mer calme et sans vent. Nos amis ont donc dû ramer pour couvrir cette distance en 6 heures de navigation.

IMG_038___copie © T.Puyfoulhoux

Bien qu' "appuyant sur les pagaies" pour maintenir une vitesse moyenne de 6 km/h pauses comprises, ils n'ont pu que constater leurs limites lorsque les poissons volants les doublaient... Pas compliqué, me direz-vous, les exocets pouvant atteindre les 60 km/h en vol !

Une fois atteint le cap Kefali, au nord d'Anticythère, le vent a fait son apparition, permettant au trio de "hisser" les voiles pour les 14 derniers km le long de la côte. Selon les propos de PE, ils sont arrivés un peu "lessivés" à cette fin d'étape et bivouaquent à 1 km au nord du cap Apolytarès (pointe sud d'Anticythère).

Les prévis météo de demain annoncent un renforcement sensible du vent. Prendront-ils la mer demain à l'aube pour une nouvelle traversée de 30 km en direction de la Crète ?? Nous le saurons demain soir...

Première grosse étape; nous embarquons de nuit pour tester notre compas lumineux et surtout jouir d’un lever de soleil en pleine mer. Le phare d’Anticythère est bien visible devant nous. À mi-étape, le calme plat nous autorise une petite baignade, de quoi se détendre les jambes et se rafraîchir car il fait très chaud. La Crète, tout en ombre chinoise finit de se dissoudre dans la pâle moiteur qui nous enveloppe. Ce n’est qu’en passant la pointe Nord d’Anticythère qu’un petit 3 beaufort de Nord-Est se lève. La fatigue s’évanouit instantanément quand nous montons les voiles pour longer cette côte Est peu amène mais superbe; murailles de lapiaz acérées coiffées d’une steppe épineuse, royaume des chèvres. Une calanque étroite nous cachant presque entièrement la mer sera notre abri pour 3 jours mais ça, nous ne le savons pas encore. Son enclavement est un atout, elle nous préserve du vent qui ne cesse de forcir. Une rampe de béton couverte de planches nous permet tout juste de nous loger à 3 avec nos bateaux.
Nous nous préparons pour un lever à 5 heures le lendemain. Les murailles de calcaire restituent durant de longues heures la chaleur solaire emmagasinée. À 20 heures il fait encore 26° et nous sommes torse nu quand nous montons en pleine nuit sur les hauteurs pour capter un peu de réseau. Les prévisions SMS de Mika, notre routeur, nous font vite déchanter: du force 4, de face se renforçant les jours suivants jusqu’à 7 Beaufort. Pas raisonnable dans ces cas-là d’entamer une traversée de 32 km; il y a de la grasse matinée dans l’air. Ces trois jours de repos forcé nous permettront au moins de sympathiser avec les insulaires et de nous imprégner de l’ambiance authentique de cette île intacte de parasol et de transat.


Jour 4 / Dimanche 03 Octobre 

Anticythère
Distance: 0 km
Vent: Nord-Est 4

Machine d'Anticythère, dieux jaloux et nymphes impérieuses...

Anti : du grec ancien ἀντί qui signifiait « en comparaison de », « contre », « en face de ». En "fouillant" la géographie hellénique, on trouve 5 petites îles qui, faisant face à de plus grandes, ont pris le nom de leur voisine accolé du préfixe anti : Anticythère, Antipaxos (mer Ionienne), Antimilos, Antiparos et Antikéri (Cyclades)...

IMG_044___copie © T.Puyfoulhoux

Avec ses  175 habitants répartis sur 20 km2, Anticythère est un "trou" perdu au milieu du détroit de Cythère où les divertissements sont probablement réduits. Or le Meltem, ce vent que redoutent plaisanciers et marins-pêcheurs de la mer Egée, souffle sur le détroit ces jours-ci, levant une mer courte et hachée fort désagréable pour le kayakiste... Dans ces cas-là, autant aller consulter la fameuse « machine d'Anticythère », plus vieux mécanisme à engrenage connu (daté de 87 av JC !), sorte de calculatrice mécanique antique permettant de calculer des positions astronomiques...


Nos trois amis ont-ils pris cette option là ou bien ont-ils choisi de prendre la mer ? ?

Gageons qu'ils soient ici plus inspirés et vaillant qu'Ulysse dont l'Odyssée prit ici un tournant fâcheux... : « Mais, au détroit de Cythère, la tempête l’emporte loin des terres connues, dans l’immensité et l’obscurité du Couchant, et, durant dix années, il tombe sous la prise d’humanités divines ou sauvages, de dieux jaloux, de nymphes impérieuses et magiciennes, de monstres et d’anthropophages, pour ne reparaître que seul, toute son escadre anéantie, au détroit d’Ithaque ».

Le Melthem est maintenant bien installé, les rafales se sont transformées en un souffle régulier, promesse toujours tenue d’un beau ciel bleu. Les chèvres viennent tôt le matin s’abreuver dans la crique dont l’eau est par endroit très fraîche et peu salée; une source qui percole sous la surface donne à ce mélange l’aspect d’un sirop de sucre.
Nous sommes à court d’eau. En quête d’un point d’eau, nous remontons vers 16h par une piste à peine dessinée dans la maigre végétation des collines que peuplent quelques lapins.
Forteresse cernée de murailles, l’île est criblée de puits. Ils sont par endroit jusqu’à cinq accolés mais pas de corde et de seau pour y tirer de l’eau. À l’endroit où la piste devient route, se dressent trois maisons; la famille qui vit là nous donne quelques bouteilles sorties du réfrigérateur mais la barrière de la langue nous empêche de leur faire comprendre que nous avons besoin de beaucoup plus.
Nous reprenons nos 7 kilomètres de trajet jusqu’à Potamos, l’unique village. Un pick-up nous prend en stop, direction la maison du garde champêtre qui fait aussi office de traducteur. Ainsi les présentations sont faites.
Nous discutons avec un homme né ici et qui a vécu 15 ans en Australie. Nous faisons le plein d’eau et réservons une table pour le lendemain à l’une des deux tavernes du village. Le vent a encore forci. Retour au camp à la nuit tombante, moitié à pied, moitié en stop.
C’est la période de reproduction des holothuries, elles remontent en masse des profondeurs la nuit venue à la vitesse de 6 mètres à l’heure. Tel Spiderman, elles projettent leur fils collants dès qu’on s’amuse à les toucher. suite >

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14 novembre 2010

Semaine 2/4

 


Jour 5 / Lundi 04 Octobre
Anticythère
Distance: 0 km
Vent: Nord-Est/4

Longue attente avant de s'envoler...

Des news fraîches de notre trio : ne souhaitant manifestement pas se mettre à dos tous les dieux, les nymphes, les humanités sauvages, les monstres marins et autres anthropophages du secteur pour dix longues années, les amis ont pris la sage décision d'attendre sur les côtes de leur caillou isolé...

IMG_046___copie © T.Puyfoulhoux

Après avoir récupéré des efforts des jours passés, ils se sont rendus en 1 h 30 de marche à pied à Potamos (à l'autre extrémité de l'île - seul bled du coin avec une épicerie fine...)  et ont refait le plein d'eau pour les jours à venir... Rare animation du séjour : une rencontre avec des ornithologues de divers pays venu ici compter les oiseaux migrateurs.

La prévi météo annonce encore beaucoup de vent pour demain Mardi. Mais une fenêtre météo se dessine pour Mercredi. Croisons-les doigts !!

En attendant, ne restons pas là à ne rien faire et allons-nous promener :

  sur Anticythère : http://www.antikythera.gr/en/

  sur Cythère : http://www.kythera.gr/photos/?level=collection&id=2

7h, le ciel à l’Est est orange vif. Après presque deux heures de marche, nous arrivons à Potamos. Salade grecque évidemment, ragoût de chèvre arrosé de Retzina local. Comme beaucoup de grecs dans les îles, les patrons du restaurant ne sont là que pour la saison. Ils retournent bientôt passer l’hiver au Pirée. Nous discutons avec Iannis le maçon et Andrikos le médecin de l’île qui semble gravement s’ennuyer. Fonctionnaire, il alterne les factions avec une collègue: un mois à Patra, un mois ici. Au bout d’un moment, il prend congé de nous pour aller jouer, dit-il, du bouzouki. On ne sait si c’est une blague servie aux touristes tant le cliché nous semble gros.
Vers 18h, le vin cuvé et le repas digéré nous rejoignons notre tanière. Un air traditionnel s’échappe d’une des maisons aux volets clos; c’est celle du médecin.
Petit détour au passage par Kamarela, la plus grande des trois plages de l’île: 5 mètres de large. Nous y croisons un couple d’anglais. Ils viennent ici passer leurs congés à observer la migration des oiseaux avec d’autres passionnés issus des quatre coins de l’Europe. Ils tendent des filets dans les oliviers et patientent, assis sur une chaise avec leur appareil photo, celà pendant trois semaines.


Jour 6 / Mardi 05 Octobre - Anticythère

Vent: 4 Nord-Est faiblissant

"Taquinage" de minous et évasion d'Anticythère par la fenêtre météo...

Pas de surprise en ce jour : nos 3 Pieds Nickelés, toujours en résidence surveillée sur Anticythère, ont fait leurs 4 heures de marche quotidienne par 26 °C (à l'ombre, s'entend, mais il n’y a pas d’ombre) pour aller s'offrir une Mythos - bière locale - et un salade grecque au bled. Ils en ont profité pour discuter le bout de gras avec les villageois et taquiner les minous... j'entends par là caresser les matous (les chats sont une institutions en Grèce...).

Une fois rentrés à leur port d'attache, c'est hamac, lecture, baignade, re-hamac, re-baignade (ah qu'Ulysse a la vie dure...). Ce soir, cuisine sur le feu, les crottes de biquettes faisant office de combustible.

Demain, trêve de plaisanterie, les affaires sérieuses reprennent, la fenêtre météo est bien là mais ne s'éternisera pas - un nouveau coup de vent (le trop fameux Meltem) se prépare à l'horizon nord. En effet, le détroit de Cythère / Anticythère, et davantage encore celui de Kassos à l'est de la Crète, forment des corridors naturels dans lesquels le vent du nord s'engouffre et s'accélère, rendant aléatoire et incertaine toute navigation dans ces eaux, tout au moins pour des embarcations légères.

Gageons que le départ se fera nuitamment afin d'avaler les 30 km de pleine mer qui les séparent de l'îlot d'Agria Gramvoussa, escarpement rocheux situé à quelques encablures de la pointe nord-ouest de la Crète, dans les meilleures conditions possibles.

Une mer de 3 Beaufort et un vent de nord-est faiblissant les attendent sur ce tronçon. Une situation qui pourrait leur permettre de progresser sous gréements.

Nous ne verrons aucun des 175 habitants de l’île aujourd’hui. Un peu de réparation: sacs étanches, dérives et trappes qui fuient. Sieste, lecture, sieste, musique, sieste. Une tentative pour aller à pied au phare de la pointe Sud tourne court: pas de piste. Essai concluant d’un nouveau combustible pour notre réchaud à bois: des crottes de chèvres, la calanque en est tapissée. 


Jour 7 / Mercredi 06 Octobre 

Anticythère > Rapanas
Distance: 50 km / 27 miles dont 1h à la voile de 6h10 à 17h20 avec 3h20 de pause
Traversée: 34 km / 18 miles
Vent: nul puis Ouest 2 vers 14h


Ils sont tombés sur la Crète ! Nos mousquetaires sont en Crète, bravo à eux !

IMG_058copy © T.Puyfoulhoux

Il leur aura fallut 6 heures et quelques coups de pagaies pour venir à bout des 30 km de traversée ; les voiles, quant à elles, sont restées sagement pliées sur les ponts des kayaks... Mais une surprise de taille est venue agrémenter la navigation : une visite très rapprochée de 3 "petits" cachalots de 10 m (petits, car les mâles adultes peuvent dépasser les 18 mètres de long) !

IMG_056copie © T.Puyfoulhoux

Pour en savoir davantage sur l'écologie et la répartition de cette espèce, cliquez ici.

IMG_055copie © T.Puyfoulhoux

Différentes campagnes de recensement, menées de 1997 à 2002 sur l'ensemble du bassin Méditerranéen, montrent une augmentation marquée de la fréquentation des cachalots vers l’ouest du bassin occidental, notamment le long du talus continental du Golfe du Lion et jusqu’aux îles Baléares.


L’abondance de cachalot est relativement modérée en mer Ionienne / Egée, avec 0,9 cachalots entendus/100km, tandis que la mer Tyrrhénienne (délimitée par Corse - Sardaigne - Sicile - péninsule italienne) et la mer d’Alboran (extrémité ouest Méditerranée - détroit de Gibraltar) apparaissent comme des régions peu fréquentées par l’espèce pendant l’été. Voir .

IMG_057copie © T.Puyfoulhoux

Une fois parvenus à l'extrémité nord-ouest de la Crète, nos amis ont visité le fort vénitien de Gramvoussa, baignées par les eaux bleu lagon de la splendide baie de Balos (des photos ici), avant de poursuivre leur chemin une quinzaine de km plus au sud...

IMG_0069___copie © T.Puyfoulhoux

Demain, ils ne devront pas trainer en route s'ils souhaitent virer le cap sud-est de l'île avant l'arrivée du coup de vent prévu. Au-delà, ils seront assurés d'une navigation tranquille car très abritée des vents du nord...

Omaha Beach à Gramvousa

Commencée avant le lever du jour, la traversée est des plus “flat” et monotone hormis quelques poissons volants et un banc de bonites. Soudain, une petite tache au loin nous sort de notre coma. Celle-ci se rapproche et l’on peut même distinguer des panaches de vapeur, ce sont bien des baleines. Aussi curieuses de nous que nous le sommes d’elles, elles se rapprochent. Ce sont 3 cachalots dont nous estimons la taille à 10 mètres. Collés les uns aux autres, ils nous tournent autour pendant dix minutes, passant parfois à deux mètres de nos embarcations. Le jeu pourrait se poursuivre longtemps mais nous sommes encore à une heure de Gramvoussa, le lagon qui marque la pointe Nord-Ouest de la Crète. Aussi nous reprenons notre route, redynamisés par cette rencontre inattendue.
Entrés dans la baie de Gramvoussa, hormis un voilier qui finit de lever l’ancre, nous nous croyons seuls au monde. 10 minutes s’écoulent quand un bateau de croisière décharge ses 200 touristes, des italiens principalement, les plus bruyants dans le genre. Ils ont une heure pour se tremper les fesses et visiter au pas de charge, pour les rares courageux, l’ancienne forteresse vénitienne. Immanquablement, des gosses s’asseoient sur nos kayaks avec la bénédiction de leurs parents. D’un coup de corne de brume, j’abrège d’un quart-d’heure l’escale de nos aliens. Tous croient que le navire sonne le rappel et la plage se vide instantanément. Après cette invasion barbaresque repoussée par la ruse, Tristan fouille la plage. La récolte est bonne: un pantalon, un porte-monnaie rempli, deux shorts, un slip de bain et un frizzbee.
Il est encore un peu tôt pour bivouaquer, nous repartons donc pour deux heures de navigation le long de belles falaises. Rapanas, fin de notre étape est une zone de serres sans grand charme mais il s’en dégage néanmoins une impression de calme très crétois et tous les ingrédients propices à un bon bivouac sont là: tamaris, bruit des vagues, tiédeur de la nuit. Nous fêtons ce soir notre arrivée en Crète en engloutissant une triple ration d’aligot lyophilisé arrosée de génépi, yeah!


Jour 8 / Jeudi 07 Octobre

Rapanas > Paleochora (Plage Est)
Km parcourus: 40 km / 21,5 miles dont 20 km à la voile
Vent: Nord-Est 3. Il fait 24° à 7 heures.

Spectacle sons et lumières !

Ce soir, nos trois pagayeurs ont franchi le cap Elaphonisi qui marque le point d'inflexion entre les côtes occidentales et méridionnales de la Crète. 7 heures de progression sous voile et à la pagaie auront été nécessaires pour couvrir cette nouvelle étape de 40 km.

IMG_068copie © T.Puyfoulhoux

Manifestement, la météo du jour fut instable et orageuse, à tel point qu'ils profitèrent d'un puissant spectacle sons et lumières (pluie, vent, éclairs) pendant un dizaine de minute. Ils ne sont pas sortis totalement indemnes de la "bataille" puisque 2 de leurs mats de voiles ont plié sous les rafales. Toutefois, les dégats semblent minimes et les gréements malmenés restent opérationnels.

Cette nouvelle longue étape leur permet de sortir de la zone exposée au coup de vent qui est en train de se mettre en place, à cette heure, sur le détroit d'Anticythère et au large de la côte occidentale de la Crète. Là, le vent devrait atteindre 8 Beaufort (grosses lames déferlantes, tourbillons d'écumes à la crête des lames, trainées d'écumes ...) durant la nuit ...

En revanche, pas d'inquiétude à avoir pour nos amis qui, pendant quelques temps, devraient longer une côte relativement bien abritée des vents du nord. Ce soir, ils sont à Paleohora et s'offrent un petit resto !

La section naviguée ce matin est agréable et regorge de plages bordées de tamaris.
Passé Elafonisi, haut lieu du tourisme “crème solaire”, un orage qui nous suivait en catimini finit par nous rattraper. Comme le vent est arrière, nous ne plions pas nos voiles curieux de connaître les limites de nos engins et les nôtres par la même occasion. Sous les assauts de la pluie battante, la surface de l’eau se met à crépiter, les bateaux prennent une soudaine accélération; pas d’affolement, la côte est proche et il y a des petites plages entre les falaises pour éventuellement y trouver refuge. Après quelques minutes de ce tohu bohu les mâts finissent par plier n’empêchant pas les voiles cependant de continuer à nous pousser. L’épisode dure 5 minutes, aussi bref qu’intense. L’air soudainement saturé d’humidité exacerbe les odeurs, nous sommes enveloppés de vapeurs d’origan: sublime!
Le coup de vent de Nord annoncé en mer Égée est en train d’arriver. Il a franchi les sommets crétois, passe loin au dessus de nos têtes, protégés que nous sommes par les montagnes, mais au large on peut voir les vagues déferler.
Enfin voici Paleochora. Nous y débarquons alors que le vent prend encore de la puissance. Le soir, repas à l’Oriental Bay (publicité gratuite), le meilleur restaurant de notre séjour, à 50 mètres du bivouac pour un archétype de menu touristique: ouzo, tzatzikis, féta épicée, olives, salade crétoise, moussaka, baklava.


Jour 9 / Vendredi 08 Octobre
Paleochora, Plage Est > Gialiskari Beach
Distance: 3 km / 1,6 miles. Nous embarquons à 8h30
Vent: Nord 5


 

IMG_0083copie © T.Puyfoulhoux

Hellène... et les garçons

Arrrgh ! La réalité météo du jour a fait mentir mon optimisme de la veille... qui se basait sur le bulletin annoncé par le système Poséidon - je sais, c'est mal de dénoncer... Lequel est aujourd'hui inaccessible, pour cause probable de trop de trafic, non pas en mer, mais sur la Toile. C'est que le coup de vent doit intéresser les encore nombreux plaisanciers qui profitent de l'arrière saison grecque...

IMG_0085___copie © T.Puyfoulhoux

Bref, les garçons (Eh oui, hellène... et les garçons... bon d'accord) ont progressé de quelques 3 km aujourd'hui avant de décider de retirer leurs tabliers de galériens, tant le vent de face soulevait une mer devenue dangereuse (5 à 6 Bf).

IMG_0087copy © T.Puyfoulhoux

Bon, c'est vrai, la vie de kayakiste, ça n'est pas rose tous les jours : obligés d'installer un nouveau bivouac à seulement 3 km du précédent... Pire : obligés de revenir sur leurs pas, histoire de refaire bombance au resto où ils ont si bien mangé la veille... Tout cela dans quelque coin minable de la planète. Jugez-en par vous-même - âmes sensibles, s'abstenir, les autres, venez voir ici !...

partie_ouest_de_la_Cr_te

Partie occidentale de la Crète (vue aérienne depuis le sud-ouest)

Photo extraite du site www.villamarise.com

Un fort vent de Nord mais tiède à soufflé toute la nuit et alors que nous embarquons il continue de forcir. Après une heure de lutte nous jetons l’éponge sur une magnifique plage de gravier aux eaux émeraude, garnie de blocs de poudingue et de grès rouge. Les gérants du lieu sont en train de démonter les parasols à raison de 5 par jour.
Bilan de la journée: 3 km pagayés. Pour nous remonter le moral, retour au resto de la veille en longeant la mer par une belle piste de sable qu’empruntent de nombreux randonneurs à pied plutôt âgés. Le soir, nous squattons une paillote qui fait salon de coiffure durant l’été. Tous les accessoires sont encore là, il y a même l’eau courante. Trois transats que nous avons récupérés sur la plage remplissent tout l’espace. Sous les assauts du vent, nous nous blottissons dans nos duvets en attendant des jours meilleurs.


Jour 10 / Samedi 09 Octobre

Paleohora > Agios Pavlos
Distance: 30 km / 16 miles de 11h à 16h30
Vent: Nord-Est 3


L'art de savoir pratiquer le "rase-cailloux"...

Après une matinée encore un poil ventée, notre boys band préféré a bénéficié de conditions en tous points idéales pour rallier la petite bourgade d'Agia Roumelie, située à l'extrémité sud du parc national de Samaria.

IMG_0092copie © T.Puyfoulhoux

Samaria, c'est également le nom des célèbres et très touristiques gorges qui entaillent le plateau d'Omalos et débouchent sur la côte à hauteur d'Agia Roumelie. Avec 16 km de long, elles figurent parmi les plus longues d'Europe - seules les gorges du Verdon en France les dépassent. Elles sont bordées de parois rocheuses verticales parfois hautes de 600 m et qui, à l'endroit le plus étroit, nommé « Les portes de fer », ne forment qu'un passage large de 3 à 4 mètres.

IMG_0107copie © T.Puyfoulhoux

Selon les infos du trio, la "nav" du jour fut de toute beauté, notamment après avoir dépassé le village de Sougia (photo de la Baie de Sougia). Au-delà, la côte devient particulièrement escarpée ; c'est que le Mont Pachnès, point culminant - 2453 m, deuxième plus haut sommet de Crête - des Lefka Ori ou massif des Montagnes Blanches (carte topographique de l'île), ne se situe qu'à quelques kilomètres de la mer de Libye.

Imaginez donc un peu le paysage : une eau couleur émeraude et des falaises dominées par d'abruptes forêts de pin d'Alep. Dans un tel cadre, on "lève le pied", on "réduit la voilure" ; hors de question de couper entre 2 caps, d'abattre du kilomètre, de "bouriner" comme des ânes... On privilégie le "rase-cailloux", on visite méthodologiquement les coins et les recoins, on pénètre l'obscurité fraîche des grottes marines, on se malmène les cervicales à évaluer la hauteur des falaises... Tout le charme du kayak se trouve là, dans la possibilité qu'il offre de flirter avec le rivage...

Ce soir, le bivouac sera... cavernicole ! Oui, rien de mieux qu'une grotte pour garder la tête froide !

Le vent est toujours aussi fort et il tombe quelques gouttes. Nous chauffons nos mâts d’aluminium sur un réchaud pour les détordre. Un pied de mât a également fait les frais de l’orage d’avant-hier. Nous le recollons à l’époxy. Un message de Mika nous fait espérer du Nord-Est 2 vers midi: get ready ! Enfin vers 11h nous pouvons embarquer.
L’étape, superbe, longe les Montagnes Blanches (les Lefka Orfi) qui tombent ici de 2000 mètres dans la Mer de Libye. Pourtant habitués des Alpes, ces pentes nous étonnent par leur raideur. Aux alentours des Gorges de Samaria, les grottes en réseau prolifèrent, autant d’invites à de merveilleux bivouacs. Il faudrait rester ici 2 semaines. Beaucoup de ruches peintes en bleu dominent de petites plages, l’apiculteur doit faire sa tournée en bateau tant ces coins semblent inaccessibles. De grandes faces de grès rose finissent en pentes de sable gris après avoir traversé des forêts de pins d’Alep. Tout ça vient mourir dans une eau émeraude en longues et profondes plages de graviers parsemées de blocs de poudingue semblables à des jardins zen. De-ci de-là, des galets de silex bicolores, striés, pointillés, piquetés, zébrés, comme autant de bijoux. D’abondantes laisses de mer ceinturent le haut des plages. Ici les arbres meurent de vieillesse. De pesants rondins de pins, roulés et polis par le ressac, embaument encore la résine. Ce bois ne flotte pas tant il est dense.
Nous bivouaquons sous un surplomb de poudingue parmi les myrtes et les lauriers roses qui poussent ici à l’état sauvage. Des pimprenelles épineuses exhalent leurs essences camphrées. Les galets, piégés pendant des millénaires dans leur gangue de grés sont lentement restitués à la mer qui les a fait naître. Je ne veux plus partir d’ici.


Jour 11 / Dimanche 10 Octobre 

Agios Pavlos > Plakias
Distance: 38 km / 21 miles de 9h à 17h25 avec 1h15 de pause
Vent: tout l’après-midi Sud-Est 3 de 3/4 face + creux de 1m


Ça trime, même le dimanche !

Belle progression, ce jour, de l'Affaire Louis Trio, qui, en dépit d'un vent de face de force 3, d'une mer encore et toujours agitée (des creux d'un mètre), de l'apparition de la pluie et d'une petite baisse du thermomètre - n'a-t-il pas fait plus chauds en France qu'en Crète ces deux derniers jours ?? - a tout de même avalé (et sans broncher !) ses 38 bons kilomètres... Bon Dieu, mais pourraient quand même respecter la pause dominicale...

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Ils sont ce soir à Plakias, ont déballé la bâche (il pleut toujours...) qu'ils ont monté sur la plage entre des tamaris. Pas d'embrouille avec le bivouac sur les côtes de Grèce, pourvu que l'on ne fasse pas de feu de bois ; le Grec semble d'un naturel tolérant et ne se formalise pas de la présence de kayakistes-bivouaqueurs sur "son" domaine. Les Français que nous sommes devraient certainement en tirer quelques leçons...

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Notre vie simplifiée a maintenant pris son rythme de croisière: manger, naviguer, dormir. Une unique séance quotidienne de cuisine le soir, pour préparer les trois repas de la journée.

Ciel nuageux encore. Nous passons trop vite Chora Sfakion et ses falaises ocres trouées de grottes, le ressac nous en interdisant l’approche. Le paysage s’assèche peu à peu, de nouveau l’ambiance des Cyclades, les montagnes en plus. Après Frango Kastello, la côte aux plages toujours aussi nombreuses perd de sa singularité.
La mer a viré au noir, le ciel est bas et couleur d’ardoise. La navigation contre la houle est désagréable.
Le ciel finit par mettre ses menaces à éxécution: c’est sous la pluie que nous débarquons à Plakias. Nous avons froid plus à cause du vent et de la fatigue que des températures car il fait 20°. Tamaris, transats, un tuyau dispensant de l’eau douce: l’agréable routine.
Nous nous endormons rapidement, serrés sous une bâche attachée aux branches, mon hamac suspendu au dessus des 2 transats de Tristan et PE, l’espace est réduit, il pleut fort.   suite >

13 novembre 2010

Semaine 3/4


Jour 12 / Lundi 11 Octobre 

Plakias > Matala
Distance: 41 km / 22 miles - 7h30 non-stop
Vent: nul puis du Sud-Est 3 chaud et de face dès 14h

Vent dans le pif et mer contraire...

Pire que cela ! Nos trois castors juniors se sont plantés sur la localisation de leur lieu de bivouac de la veille : ce n'est pas à Rodakino, mais à Plakias qu'ils ont monté la tente. La côte étant manifestement plus "basse" dans ce secteur (les montagnes, dans l'arrière-pays, sont beaucoup moins hautes qu'au niveau du parc national de Samaria), l'intérêt de la "nav" s'en ressent. Riri, Fifi & Loulou ont donc eu probablement tendance à moins musarder que sur l'étape précédente...

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Pas trop de bol pour eux car, là où ils pourraient être à l'abri des vents du Nord et bénéficier d'une mer plate, ils trouvent des conditions tout à fait différentes et moins favorables : un flux d'Est balaie la mer de Libye depuis 2 ou 3 jours et lève une mer contraire à leur progression. Le vent pourrait même franchement virer au Sud dès demain ; les trains de vagues seraient encore moins favorables... Mais ne les prenons pas trop en pitié non plus : la température de l'eau oscille entre 24 et 26 °C... On a vu pire !

Après 7 H 30 de navigation (uniquement à la pagaie, puisque vents contraires), ils sont ce soir à Matala, station balnéaire   connue pour ses grottes  néolithiques qui ont servies de repères à une communauté hippie dans les années 60-70, communauté aujourd'hui remplacée par des hordes estivales de touristes (photo) .

Nos 3 castors bivouaquent sur la plage à côté d'anciennes habitations troglodytes et se gavent de giros pita (sorte de sandwich grec)...

Pas de matelas à Matala

Températures caniculaires. Ayant rallongé encore une fois notre étape, nous sommes contraints de passer la nuit à Matala que nous voulions à tout prix éviter; temple du tourisme cosmopolite et invasif. Le sable est sale, mélange de poussière et de mégots. Les fameuses tombes troglodytes mises un temps à la mode par les hippies et toujours montrées de loin et sous le même angle dans les guides touristiques afin de cacher les constructions qui envahissent la plage, sont saccagées et sentent la pisse. Nous sommes piégés.
L’endroit se vide dès 17h, chacun retournant à son hôtel ou son bus.
Sur la plage, quelques vieux babs viennent saluer le soleil qui disparaît derrière l’Île de Paximadia. Pas de coin tranquille pour cuisiner, va pour le restaurant le plus proche afin de garder un œil sur nos kayaks. Le patron fatigué par sa saison et un régime hyperlipidique commencé il y a des lustres, arrive en traînant la savate. Refroidis par ce que nous entrevoyons des cuisines, nous commandons le minimum, trois salades et allons finir notre repas avec des gyros pitas (le kebab grec) assis sur des transats qui nous serviront de lit cette nuit.


Jour 13 / Mardi 12 Octobre
Matala > Lentas
Distance: 29 km / 15,6 miles - 8h05 > 13h45
Vent: Est-Sud-Est 3 chaud

Mais si jamais Mélissa sait ça Là, c'est moi qui vous tue...

Ce soir, grosse polémique au sein du groupe... Ce fut à propos du bivouac... Il y a d'abord eu Thierry qui voulait dormir à la belle étoile, sur le sable de la plage de Lendas : rien à préparer, rien de plus simple que la rusticité d'une nuit passée à même le sol... Mais Tristan n'était manifestement pas tout à fait de cet avis : ça n'est pas confort, et en plus, avec le vent qui souffle toute les nuits depuis quelques jours, c'était pour lui le meilleur moyen pour "bouffer" du sable ; il a donc tendu son hamac entre deux tamaris. Quant à PE, à la vue des lourds et sombres nuages qui s'accumulaient ce soir sur l'horizon sud, il a carrément préféré monter sa bâche, car il n'a pas oublié la pluie qui s'est abattue toute une nuit sur le campement, 2 ou 3 jours auparavant... Bref, ce soir, chacun son bivouac...


À part ça, tout va très bien. La journée fut plutôt réussie, malgré un petit vent continuellement de face : un soleil intense, 5h40 de navigation par une température de l'air de 28 °C...

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La côte, entre Matala (le bivouac précédent) et le cap Melissa (...métisse d'Ibiza, A des seins tout pointus...), compte de magnifiques grottes, dont une de 50 m de profondeur. Parfait pour aller se mettre les idées au frais quand le soleil tape trop fort...
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Ce soir, Nif-Nif, Naf-Naf & Nouf-Nouf (et oui, toute cette intro stupide sur cette prétendue polémique  n'était là que pour introduire un nouveau trio bien connu, les 3 petits cochons... D'ailleurs et à ce propos, si vous avez d'autres idées de fameux trios, laissez des messages sur le blog, je commence à être un peu à court...

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Quant à vous Nif-Nif, Naf-Naf & Nouf-Nouf, gare à ne pas croiser les 3 grosses cochonnes, on vous surveille...) font face au célébrissime Rocher de l'Eléphant... Bon là, amis lecteurs, je suis totalement d'accord avec vous... Il doit vraiment falloir y passer des heures à contempler ce cailloux pour finalement y voir un éléphant...

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Un bout d’Europe à la latitude de la Tunisie

Il suffit de sortir de la petite baie de Matala en allant vers l’Est pour retrouver calme et sérénité.
Sans ce petit vent la chaleur serait étouffante. L’air est moite, la lumière laiteuse. Splendide Cap Lithino, sauvage et préservé. Nous sommes par 34°54', à la latitude du désert Tunisien.
Après Kali Limenes, la route longe de nouveau la côte entre les serres et les plages. Le soleil a du mal à percer ce ciel de craie. Un front chaud s’avance; fatigués des jours précédents, nous écourtons notre journée à Lentas face au rocher de l’Éléphant, village de poupée et plage miniature. Une houle venue d’Afrique donne à cette Mer de Libye des airs d’océan, nous sommes ce soir à l’extrême sud de l’Europe. Il est 13h45 et nous avons grand besoin de repos. Tristan part chercher de l’eau au village. Les trois jours de retard pris à Anticythère sont pratiquement rattrapés. Des pipits cherchent leur pitance dans les tamaris. Vient le soir; des familles allemandes, ce sont leurs vacances d’automne, rentrent des plages, les enfants animent les ruelles; on dirait l’été. Même si l’on trouve comme partout, restaurants et chambres à louer, Lentas est restée simple et authentique. C’est notre coup de cœur de ce voyage.
Re-re-resto: Taverna Porto Lenta: le couple de patrons est souriant et attentionné; la terrasse touche la plage du village que rongent les déferlantes. Nous prenons des plats au hasard; tient, des asperges sauvages! Souvent le dessert est offert: du yaourt grec nappé de confiture de rose et raki.

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Jour 14 / Mercredi 13 Octobre   
Lentas > Agios Nikitas
Distance: 30 km / 16 miles - 6h de navigation non-stop
Vent: nul puis Est 1, houle de 1,5m

Panorama fantomatique et minéral, ciel laiteux, une mer vide de bateaux, d’oiseaux et de poissons. Une brise tiède accentue cette impression d’irréalité. Il fait 28°, moite. À part de nombreux scylles maritimes rien pour nous de connu dans cette végétation épineuse qui se bat contre les cailloux. Parfois quelques maigres bosquets de pins. De ce massif de l’Asterousia émane une ambiance de Moyen Atlas. Les abris sont rares, les dix derniers kilomètres de paysage semblent morts, impressionnants et beaux néanmoins.

Nous passons près d’immenses grottes que le ressac des hautes falaises nous interdit d’approcher. Dans l’air saturé d’humidité, l’écume soulevée par les brisants se vaporise avant de se dissiper lentement. Au sortir d’un canyon, le monastère d’Agios Nikitas et sa palmeraie ceinturés de murs blancs est une oasis perdue qui rompt momentanément la menaçante sécheresse du paysage.
Dans cette mer hachée, nous perdons un moment Tristan de vue, les sifflets sont inopérants et la corne de brume au fond d’un caisson. Enfin une petite baie ou la houle semble s’atténuer. Nous tendons nos bâches entre de gros blocs car il tombe quelques gouttes. Un crâne de chèvres orne la plage, un mouton, mechoui en sursit, nous bombarde de pierres du haut de la falaise.

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Jour 15 / Jeudi 14 Octobre

Agios Nikitas > Kastri
Distance: 11 km/ 6 miles - 3h
Vent: Est 2
À 7h du matin, il fait 27°

Le "Charles de Gaulle" encore bloqué en rade de Toulon

Les affaires reprennent... Avant hier, pas de communication avec les Bad Boys, et hier, c'est le blog-mestre qui a décidé de faire grève pour revendiquer une retraite à 40 ans (pour lui, c'est pour bientôt... Thierry, tu es déjà en droit d'exiger de tes jeunes coéquipiers qu'ils te tractent pendant les navs... non, mais !).

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Revenons un peu en arrière :

Ce matin, Atos, Portos & Aramis, aux prises avec d'épaisses brumes de chaleur, bouclaient une étape "déserto-fantomatique" (selon leurs propres mots) débutée la veille, sur les côtes du petit massif montagneux d'Asteroussia.

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À la pause médiane, et pour l'approvisionnement, ils ont eu la mauvaise idée de stationner au petit village de Kastri : là, des gardes-côtes les ont obligés à rester "à quai" pour cause d'une prévi météo des plus "marseillaises" (soit disant du 6 Bf, alors qu'ils constataient l'absence totale de "mer" - cad de vagues - sur le terrain - cad la mer... Vous me suivez toujours ??)


Un zèle étonnant de la part des autorités grecques qui, d'après nos expériences kayak passées sur les côtes helléniques, ne sont en principe pas très regardantes sur les conditions de navigabilité et de sécurité de nos frêles esquifs, c’est pour ça qu’on les aime...

Bref, à l'instar d'un "Charles de Gaulle" encore bloqué en rade de Toulon (ceux qui ne me suivent plus... suivez l'actualité !), nos 3 mousquetaires sont restés bloqués en rade de Kastri hier aprem... Village "pas glop", air étouffant et humide, à 30 °C disait leur message... Hé oh, ils ne pensent quand même pas qu'on va les plaindre, hein ?! 

Lever tôt, bateau, resto

Nous n’avons plus de vivres, il nous faut nous arrêter à Kastri, petit village sans attrait mais dont le port nous permet un débarquement à l’abri des vagues qui harcèlent le rivage. Ravitaillement dans une petite épicerie. Nous négocions avec vaillance une réduction sur la note qui est salée, le caissier nous offre finalement 6 bananes et du raisin. Une séance resto de plus sur le port, patrons souriants et prévenants mais repas très moyen. Il pleut et il fait lourd, 27°. Un garde-côte, commissionné par son supérieur qui ne parle pas anglais et trop fainéant pour nous sermonner lui-même, vient nous prévenir que du force 4 d’Est est annoncé dans l’après-midi. Il nous annonce de plus qu’en Grèce, la navigation des kayaks n’est autorisée qu’à moins de 500m du rivage et uniquement de jour. Il nous demande de passer prendre la météo demain matin à partir de 7h avant de prendre la mer. Nous acquiesçons servilement, demain à 7h nous espérons bien être loin d’ici. Il est 14h, il fait maintenant 30° et très humide.
À 19h tout est rangé dans les caissons. Le petit déjeuner déjà dans les bols pour ne pas perdre de temps afin de passer devant les bureaux des garde-côtes avant le lever du jour. Les hamacs tendus à 50 cm de la route, réveil réglé pour 5h30. Nous nous endormons dans l’odeur enivrante d’un arbre inconnu, mélange de miel et d’encaustique.


Jour 16 / Vendredi 15 Octobre 

Kastri > Kalo Nero
Distance: 60 km / 32 miles - 9h30 non-stop
Vent: Ouest 3 puis Ouest-Sud-Ouest 4

Ça pousse fort dans le dos...

Un post rapide (il est samedi 2h du mat, ni frisson, ni claquements de dents, encore moins de montée de son ! Juste envie d'aller faire dodo...) pour vous annoncer que nos 3 mercenaires (y a qu'à dire que les 4 autres sont morts dans la bataille...) se sont levés tôt, très tôt même ce vendredi : 5h 30 du mat.


 Le vent d'ouest qui souffle maintenant sur la Crète est des plus bénéfiques pour une progression rapide. Nos 3 lascars ont donc pu "dégainer" l'arme fatale : les voiles évidemment, qu'ils ont utilisé sur la moitié de l'étape du jour...

Ça pousse aussi fort dans le dos côté vagues. Une mer qui leur a permit de "partir au surf" à diverses reprises et à des vitesses incroyables de 12 à 14 km/h (c'est à dire une vitesse double de celle d'un pagayeur qui appuie fort sur les pales de sa pagaie)...

Résultat de la journée, malgré un temps quelque peu à la pluie : 60 kil en 9h30 de navigation !!! Chapeau bas, messieurs !! Et comme cerise sur le gâteau, l'observation d'une tortue verte...

Ce soir grosse fatigue et gros dodo programmé. Ils ne devraient cependant pas s'endormir sur leurs lauriers s'ils ne veulent pas louper une fenêtre météo favorable à la traversée du détroit de Kassos, fenêtre qui ne devrait pas rester ouverte bien longtemps...

Emportés par la houle...

Une houle arrière nous offre de beaux surfs. Nous essuyons plusieurs grains; après chaque ondée l’air s’emplit d’odeurs de terre mouillée et de pin. Que de journées pluvieuses, inexorablement l’automne avance ses pions. La fin de cette étape, vers Agios Fotia, ressemble à notre Estérel: roche rouge, pinèdes et villas. C’est la partie la plus habitée de notre voyage.
La journée s’achève tout de même sous le soleil dans une petite anse bien fermée, de basses falaises de poudingue, une poignée de tamaris et de jolis galets de serpentine verte. Après le repas pris sur la plage, une carafe de vin blanc à la table d’une taverne réconforte les marins. C’est vendredi, les locaux rôtissent l’agneau à la broche.


Jour 17 / Samedi 16 Octobre

Kalo Nero > Vái
Distance: 51 km/ 27,5 miles - 9h
Vent: Ouest-Sud-Ouest 3 puis nul

Avancer vaille que "Vai"

Plus de nouvelles depuis 48 heures... Mais que fait le blog-mestre se disent les impatients ??? Pétitionnons pour réclamer des actus quotidiennes et pas à des heures impossibles !!!

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 Ça va, ça va, je me mets au boulot... Revenons donc sur ce week-end... Alors, selon vous, farniente le long des plages sablonneuse de Crète ou passage en mode turbo ???


En dépit d'une météo variable, les températures sont douces, et surtout les vents et la mer sont, ce jour encore, arrières. Plus important encore, le routeur annonce la fin, sous peu, d'une bonne fenêtre météo pour tenter la traversée entre la pointe orientale de la Crète et la petite île de Kassos. Hors, la présence de cette fenêtre est primordiale pour s'engager sans trop de risques sur ce qui est le point clé du voyage, the "crux" de l'expé. En effet, ce détroit est probablement le plus venté de toute la mer Egée, elle-même bien plus ventée que ses voisines : les vents du nord s'engouffrent ici entre la Crète et les îles du Dodécanèse et s'accélèrent encore par effet venturi... Autre aspect non négligeable, ce détroit n'est pas si étroit que cela pour des coquilles de noix tel que des kayaks, puisqu'il fait, à minima, 49 km de large... Une distance qu'aucun de nos 3 kayakistes n'a encore franchi loin de toute côte. L'enjeu est donc de taille...


Quoiqu'il en soit, nos amis ont donc pris l'option de ne pas lever le pied afin de garder toutes les chances de pouvoir traverser le détroit au plus vite et dans l'espoir de pouvoir bénéficier des conditions particulièrement favorables du moment... si d'aventure la fenêtre météo ne se referme pas sur eux...

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Ils ont donc pagayé 9 heures durant, non-stop, dont une moitié sous-voile et l'autre en profitant de beaux surfs, comme la veille. Résultat des courses, après 51 km de progression, ils sont ce soir à Vai, à quelques encablures de la pointe nord-est de la Crète. Ils ont tendu leurs hamacs entre les palmiers d'une magnifique plage... et se tiennent près pour le grand bond vers le Dodécanèse...

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Y parviendront-ils ? Vous le saurez en revenant dans une poignée d'heures sur ce blog... Hé oui, vous croyez quand même pas qu'on va tout vous dire comme ça...

Nous laissons le monastère de Kapsa au pied de son canyon juste avant de doubler le Cap Goudoura, angle Sud-Est de la Crète. Cette côte Est que nous remontons maintenant se présente comme un grand désert des Agriates.
C’est une belle matinée de navigation à la voile et au surf par vent arrière. Nous filons à 6 km/h sans pagayer et en nous amusant de plus. Les virements de bord se font tout seuls: le bateau part au surf en prenant de la vitesse ce qui a pour effet de déventer la voile et faire pivoter la bôme, et c’est reparti dans l’autre sens. Cette côte Est de la Crète est très sauvage. L’endroit a été choisi pour y “cacher” une centrale électrique au gaz.
Nous essuyons plusieurs grains. Quand le vent tourne au Nord, l’air sent soudain le maquis. Nous affalons les voiles vers midi. Nous capturons à la main un poisson qui visiblement s’est pris un coup d’hélice. Ces 2kg bien tassés nous feraient un bon repas mais il s’avère, en discutant un peu plus tard avec des pêcheurs, que c’est un tetraodon, cousin du Fugu japonais à la chair très toxique.
Vers 17h, Kassos qui est pourtant à 80 km se dessine à l’horizon. En arrivant à Vái, petite déception, la palmeraie est cloturée, il nous restera tout de même assez de palmiers sur la plage pour accrocher les hamacs.
Nous avons juste le temps de commander notre Mythos (bière grecque) au resto de la plage avant la fermeture. Les patrons encaissent et s’en vont, nous laissant seuls à la grande terrasse couverte. Nous trouvons les consommations plutôt chères puis en furetant un peu nous découvrons que la pompe à bière n’a pas été verrouillée; la suite est facile à deviner... Le dîner est frugal mais gratuit: du pain laissé dans les cuisines arrosé d’huile d’olive bio produite dans un monastère des environs.
20h: nous commençons juste à nous relaxer et savourer par anticipation la journée de repos de demain quand les prévisions SMS de Mika tombent comme un couperet: excellentes conditions demain mais ça se gâte les jours d’après. Il nous faut donc filer vers Kassos au plus vite pour la plus grande traversée du voyage: 55 km.


Jour 18 / Dimanche 17 Octobre 

Vái > Kassos
Distance: 63 km / 34 miles dont 55 km de traversée en 11h20
Vent: Sud 1 puis Sud 3

Cassos à Kassos !

Bravissimo ! Ils l'ont fait, ils ont foncé dans le tas, repoussé leurs limites, bravé les humeurs de Poséidon et la furie d'Eole tels des Ulysses modernes...



Non, ils ne sont pas encore arrivés en Turquie... mais, ce soir, ils ont tout de même fait un pas décisif vers leur objectif final ! La traversée du Stenon Kasou (le détroit de Kasos) a mauvaise presse chez les marins méditerranéens, c'est donc avec un certain soulagement et probablement libérés de quelques doutes que nos cocos envisagent l'avenir proche... Restera, d'ici peu, un ultime "gros morceau", le Stenon Karpathou (le détroit de Karpathos) qui permettra l'accès à l'île Rhodes - dans cette zone les fonds remontent brutalement de 600 ou 700 m à 100 ou 200 m, levant une mer croisée dangereuse.

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Mais à chaque jour suffit sa peine... Revenons donc sur cette journée de dimanche :
Départ au point du jour, à 5h45. Navigation non-stop jusqu'à toucher la côte sud-est de Kassos à 17h15... Soit un total de... 11h20 d'effort continu !!! 7h de coudées franches (à la pagaie) et 4h20 sous voiles... Pour une distance journalière de 63 kil !!! Ça commence à causer, ça !

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Pas dégueu non plus, la distance abattue ces 3 derniers jours : près de 175 kil... Bien vu les gars. Vous n'êtes pas venu jusque là pour vendre des cravates, alors autant envoyer la purée, hein...

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Et puis, cerises sur le gâteau (il en faut, et si possible plusieurs, car une cerise à partager en trois, ça fait pas bézef...) : les visites toujours réconfortantes - surtout quand on se trouve loin des côtes, dans une mer agitée - des puffins yelkouans (ou puffins de méditerranée), des pirouettes de thons (les fameux thons rouges ?), une bonite ratée à la pêche à la traine, et les survols acrobatiques de quelques faucons Eléonore... [petite parenthèse: cette dernières photo est extraite du superbe site www.louismariepreau.com].

Lever à 4h30 et départ à 5h45. Il a fait 18° dans la nuit, température la plus basse du séjour. Au lever du soleil, des puffins yelkouans nous tournent autour en rase motte. Impressionnant de puissance, un thon enchaîne deux longs sauts devant mon étrave, un vrai missile. Comme presque chaque jour, des poissons volants nous doublent en battant des ailes. Surprise à mon approche, une énorme tortue verte se hâte de plonger.
À la mi-journée, nous déjeunons de pain chipé la veille au resto, d’une boîte de pâté rose assez indéfinissable, d’un reste de Kefalotiri (fromage), de miel et de raisins secs détrempés à l’eau de mer. Vers 11h, on borde les voiles jusqu’à pratiquement la fin de la journée. L’on se sent vraiment marin ce jour-là: navigation tout en doigté, réglage fin de la dérive, l’œil sur le compas et la voile pour maintenir le cap, la pagaie posée sur le pont, du pilotage quoi!
La côte Sud-Est de Kassos est un enchantement avec ses falaises cyclopéennes, ses gigantesques effondrements; des centaines de faucons nichent là. PE, qui prend le temps de pêcher à la traîne en fin de journée a ferré une belle bonite qui lui échappe au dernier moment. Nous nous consolerons avec des sardines à l’huile. Nous jetons notre dévolu sur une longue plage absolument vierge de toute présence humaine. Le soleil a déjà disparu derrière les falaises mais le rocher nous restitue sa douce chaleur pendant plusieurs heures encore.   suite >


12 novembre 2010

Semaine 4/4


Jour 19 / Lundi 18 Octobre 

Kassos > Karpathos (Arkasa)
Distance: 20 km / 11 miles - 5h dont 6 km/2h de traversée très agitée
Vent: Sud-Est 5

Un combat de Titans ?

Nos 3 loustics sont ce soir à Arkassa, sur la côte sud-ouest de l'île de Karpathos.

Le poète Homère, mentionnant Karpathos, l'appelait « l'île des vents ». Longue de cinquante kilomètres, elle a entre six et dix kilomètres de large. Par sa superficie, c'est la deuxième île du Dodécanèse.



C'est une île montagneuse ; Le massif escarpé du Kali-Limni (1215 mètres) divise l'île en deux zones. L'une assez désertique et peu peuplée au nord ; l'autre bien irriguée et à plus forte densité de population, au sud.



Aujourd'hui, comme prévu, la fenêtre météo s'est refermée et les conditions favorables des jours précédents ont laissé place à un vent quasi contraire et fort (5 Bf), une mer agitée et des vagues d'une hauteur d'1,5 m, le tout sous un ciel chargé et pluvieux...

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5 heures de progression difficiles pour un petit 20 km de distance... Peut-on parler d'un combat de Titans (dans la mythologie, Karpathos était le lieu de naissance des Titans.) ?

Faisant contre mauvaise fortune bon coeur, ils en ont profité pour se payer un resto bien mérité...

La veille, nous nous sommes couchés sereins, avec des promesses de grasse matinée, l’air était doux, le ciel dégagé, la demi-lune éclairant déjà bien le paysage nocturne. Nous nous réveillons sous un ciel chargé qui se transforme rapidement en pluie, la mer grossissant d’heure en heure. Mise à l’eau à 12h; nous longeons les dernières falaises de Kassos avant de viser le cap Sud-Ouest de Karpathos. La pluie a ravivé les couleurs, les hauts-fonds dessinent une bande turquoise au pied des murailles, c’est somptueux. Nous nous engageons dans la passe de Kassos à la mauvaise réputation dans des creux de 2m et du vent de Sud-Est 5 presque de face; les fonds remontent brusquement ici passant de 600 m à 100 m en levant une sinistre houle. Il n’y a plus qu’à débrancher le cerveau et pagayer. 6 km en 2h, cela passe finalement vite, occupés que nous sommes à franchir ces montagnes russes. L’on se rend compte dans ces moments-là des extraordinaires capacités du kayak de mer, engin prodigieux d’agilité.
À cause d’une jupe trop grande, j’ai 20 litres d’eau dans le cockpit à l’arrivée. Promis, j’achète une pompe dès notre retour en France. Au Cap Agios Theodoros, nous remontons vers le Nord-Est en direction d’Arkasa. Ce n’était pas prévu mais nous avons été suffisamment secoués pour la journée. Nous sommes lessivés. La mer est soudain calme alors qu’elle se déchaîne encore à quelques centaines de mètres au large. Des pierres ponces venues de Nissiros dansent devant nos étraves. Nous montons le camp sur la terrasse d’un restaurant qui a fermé ses portes la semaine d’avant. Deux plagistes démontent les parasols, très lentement, il y a tout l’hiver pour finir le travail. Alternance de soleil, pluie, nuages, nos vêtements ne sèchent plus.
Le soir nous filons à Arkasa pour quelques courses et un resto bien mérité. Nous aurons beaucoup “mérité”, usé et abusé des restaurants durant ce voyage, 9 en tout. Nos conclusions: plus d’huile que de choix, mais quelle huile!
Le bourg qui semble construit pour les touristes allemands a des airs du village de la série “le prisonnier”, architecture récente, blanchie à la chaux, artificielle et vide. Au restaurant, que des allemands, la patronne aussi est allemande. À la table voisine, des locaux sirotent du Retzina-Coca avec leurs mezzés. Nous, nous commandons des cocktails, PE opte pour un “Sex on the beach”, étonnant qu’il soit en mal de beach, on dort sur le sable depuis trois semaines, à moins que ce ne soit...
Au retour, un chat peu farouche se prend d’amitié pour nous, il nous suit jusqu’au campement et passera le reste de la nuit à tenter de sauter dans nos hamacs.


Jour 20 / Mardi 19 Octobre 

Arkasa > Karpathos
Distance: 32 km/ 17 miles - 6h
Vent: Sud-Est 5 puis Sud 6 vers 18h

Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle...

Ce soir, un message court, en provenance de Karpathos City, sur la côte sud-ouest de Karpathos island...
Hé oui, alors que nos trois loustics s'étaient déjà passablement engagés sur la côte ouest de l'île, ils ont finalement opté pour son contournement par le sud, prémices à une remontée le long de la côte orientale. Probablement par crainte de se faire coincer sur la côte occidentale réputée exposée à la mer et au vent, car essentiellement constituée de falaises et pauvre en abris.



Et en effet, sur cette zone, le vent devrait tourner cette nuit, passant du sud-est à l'ouest. Dans ces conditions, opter pour la côte occidentale engageait les 3 compères à boucler une navigation d'au moins 50 km dans la journée avant de pouvoir sortir de cette zone exposée. Avec la forte houle de ce jour, ce n'était probablement pas la meilleure solution.

IMG_0489copie © T.Puyfoulhoux

En prenant par le sud, puis par l'est, ils devraient bénéficier, dès demain, de conditions plus clémentes pour rejoindre la pointe septentrionale de Karpathos. En revanche, aujourd'hui, ils ont du se coltiner - tout à la pagaie et pendant 6 heures - une mer difficile, avec des creux de 2 m et du gros clapot, sous un ciel irrémédiablement gris...

apn, gps et sms
apn et gps sont dans un bateau et tombent à l’eau

Il a beaucoup plu dans la nuit, on ne distingue plus Kassos pourtant distante de seulement 7 km. Un gros clapot sévit le long du Cap Kastelo et toujours cette pluie... Le petit vent de Sud-Ouest est inexploitable, les voiles se dégonflent dans les creux. La mer est noire, hachée, désagréable, le ciel plombé, nos cerveaux sur “off”. Une carcasse de cargo ajoute à l’ambiance. Ce paysage doit être si beau sous le soleil.
Fin de journée, baie de Karpathos, nous avisons une plage et un bivouac potentiel à deux pas de la ville où nous devons absolument nous ravitailler. Le temps de prévenir mes équipiers qu’il faut être prudent car les vagues déferlent, j’illustre mes propos par un involontaire “side surf” direction un quai de béton dépassant à peine de l’eau et ... je dessale (quel drôle de mot).
Des affaires flottent çà et là. La pélicase a pris l’eau; camera, apn, rendent leur dernier souffle. Le gps étanche fera de même par solidarité électronique. Le panneau solaire montre aussi des signes de corrosion. Craignant pour mon honneur, je fais promettre le silence à mes équipiers sur cet événement fâcheux.
Fidèles à nos habitudes, nous montons le camp sur la terrasse d’une taverne fermée. Les spaghettis sont en train de cuire quand le propriétaire débarque avec son 4x4 et son air méchant. Nous devons déguerpir immédiatement sous la pluie et dans la nuit... Nous trouvons rapidement refuge dans un hôtel en construction et allons nous remonter le moral en ville avec un huitième resto.


Jour 21 / Mercredi 20 Octobre

Karpathos > Saria
Distance: 42 km / 23 miles en 8h45
Vent: Sud-ouest 3 puis 4. Il fait 24°

IMG_0494copie © T.Puyfoulhoux

IMG_0506copie © T.Puyfoulhoux

IMG_0509copie © T.Puyfoulhoux

Aujourd’hui, navigation très au large des belles côtes de Karpathos pour profiter au maximum du vent de Sud-Ouest, 3/4 arrière. Nos comptons bien revenir ici un jour afin de vraiment déguster ces paysages. À l’approche de Saria, petite île inhabitée et séparée de Karpathos par un corridor, 140m au plus étroit, on distingue au Nord-Est, un champignon de cumulus qui trahit la présence de Rhodes.
Nous dormons ce soir à Palatia Cove et sa dizaine de tamaris centenaires aux troncs noueux comme des oliviers, les plus beaux que nous ayons rencontrés; nous sommes maintenant experts en tamaris. Un puits, un abreuvoir pour quelques moutons, des ruines et un sentiment de bout du monde. Nous désirons fort que la météo d’après-demain soit clémente pour rester ici toute une journée à goûter le charme et la paix du lieu. Le sms de Mika tranche: il faut se hâter de traverser vers Chalki, du Nord-Ouest 4 est annoncé. Argh!


Jour 22 / Jeudi 21 Octobre 

Saria > Chalki
Distance: 50 km/ 27 miles - 9h dont 49 km de traversée à la voile.
Vent: Ouest 2

Mer belle à saisir avant fermeture annuelle !

Mais où étaient donc passés nos 3 gugusses ces dernières 48 heures ??



Hier, dans la soirée, ils avaient rejoint Saria, une petite une île volcanique de 8 km de longueur située au nord de Karpathos. Leur message ne donnait aucune information sur le déroulement de la journée, pas plus que sur l'île en question. En revanche, le trio semblait vouloir profiter des lieux pour une journée supplémentaire... Nécessité de se reposer après toutes ces journées de navigation ?? Ou bien le coin méritait-il tout simplement une exploration approfondie...?

IMG_0518copie © T.Puyfoulhoux

Le secteur est, semble-t-il, assez mal référencé sur Google. Difficile d'y trouver des informations concernant ce bout de caillou de la mer Egée (sinon que l'on peut y voir les ruines de l'antique cité de Nisiros). Même sur Google Earth, pas de photos qui méritent un lien vers ce fantastique blog !!
IMGP0141copy © P.E.Viguier

 Toujours est-il que le routeur météo s'en est mélé... Selon lui, il ne fallait pas lambiner une demi-journée de plus dans les parages... Toujours la sacro-sainte fenêtre météo, évidemment (celui-là, sa fenêtre, je me demande si je ne vais pas la lui fermer une fois pour toute...). Elle ne serait ouverte qu'aujourd'hui jeudi.... avant de se refermer dans la nuit suivante... Et alors, que se passerait-il après ?? Ah, c'est sûr que ça serait ballot si nos 3 compères étaient bloqués là-bas pour cause de fermeture annuelle...

Bref, les conseils rabats-joie du routeur ont eu raison des désirs de farniente de notre petite troupe. Ce matin, "à l'heure où blanchissait la campagne", Il s'élançaient, coeur vaillant, dans l'ultime grande traversée de cette odyssée, sur les flots bleus et pour une fois calmes du stenon Karpathou (le détroit de  Karpathos). Après avoir souqué ferme, puis profité d'un doux zéphyr venu caresser leurs gréements, ils touchaient terre à Chalki, quelques 49 kilomètres plus au nord et 9 heures plus tard. Avec, dans leur musette, l'observation de 5 dauphins !

Demain, ils devraient rejoindre la maintenant toute proche île de Rhodes...

Chalki clair calcaire

Il est 4h30. Attirés par nos frontales, des centaines de moucherons encerclent nos têtes. Régulièrement chacun éteint sa lampe en espérant que la meute s’en ira harceler le voisin. À l’embarquement, ils nous suivent sur quelques centaines de mètres puis nous abandonnent, ils ne veulent pas quitter Saria, on les comprend. Le plancton phosphorescent fait des moustaches à nos étraves.
Par deux fois nos croisons des dauphins se dirigeant vers Saria. Dans la semi-obscurité, deux pétrels nous ont rasés de près à presque nous toucher. Quelques cargos au lever du jour, Rhodes à notre droite, les voiles bordées, le bleu profond du ciel et la joie d’être en mer. Chalki se rapproche, clair calcaire qu’une maigre végétation tente de conquérir. Des insulaires se déplacent en amazone sur leurs ânes. L’atmosphère y est moyen-orientale. Chalki est un joli port à la douce indolence, ses eaux sont cristallines et poissonneuses. Le village est un mélange de ruines et de de petites maisons de poupées carrées à un étage, aux nombreuses fenêtres et aux couleurs vives. Les rues sont dallées et les voitures ne passent jamais la quatrième.
En nous baladant de nuit, nous traversons des nuages de senteurs que nous nous amusons à identifier: un eucalyptus, des lapins, du romarin, un jasmin et un bouc. Nous passons une nuit paisible à l’abri du vent malgré les coqs qui chantent toute la nuit déboussolés qu’ils sont par la pleine lune.


Jour 23 / Vendredi 22 Octobre 

Chalki > Rhodes (Karimos)
Distance: 33 km / 18 miles
Vent: Nord 3 puis Nord-Ouest 4

Ni Charybde ni Scylla... Court message car peu d'infos transmises...

IMG_0547copie © T.Puyfoulhoux

Ce matin, la petite troupe prenait le temps de s'offrir un petit dej roboratif dans le joli petit village de Chalki, sur l'île du même nom. Vers 11 heures, ils reprenaient la mer et slalomaient entre les îlots d'un petit archipel, cherchant l es vents portants afin de progresser au maximum sous leurs petites voiles...

IMG_0539copie © T.Puyfoulhoux

Après avoir contourné l'île d'Alimia, ils atteignaient enfin les rivages de Rhodes. Ils sont ce soir dans les environs de Kalavarda, sur une plage plantée de tamaris entre lesquels ils ont pu tendre leurs hamacs...

IMG_0556ch_vrecopy © T.Puyfoulhoux

La nuit devrait être reposante !

Le Grec à l’archéologie dans le sang

Au petit matin, PE s’est rendu au village nous chercher des pâtisseries. Nous traînons au lit jusqu’à 9h et embarquons finalement à 11h. Un petit Melthem d’automne nous force à raser les côtes Est pour rester à l’abris, puis nous montons les voiles en quittant Alimia direction Rhodes.
Nous comptions initialement éviter cette côte Ouest de Rhodes sale et inintéressante en tirant directement sur Symie mais la meteo en décide autrement. Pimprenelles épineuses, sauges, romarins, chicorée épineuse; si la végétation nous enchante, on a aussi l’impression que tous les déchets de la Mer Égée se retrouvent ici.
Fier de son glorieux passé, le Grec a l’archéologie dans le sang. En balançant obstinément toutes sortes de détritus dans les fossés, les rivières, et la mer, il œuvre pour les générations futures qui sauront grâce à lui qu’à notre époque nous utilisions abondamment le plastique et le polystyrène. Cette partie de Rhodes est à n’en point douter un futur chantier de fouilles.


Jour 24 / Samedi 23 Octobre 

Karimos > Port de Rhodes
Distance: 35 km / 19 miles - 6 heures, les 2/3 à la voile
Vent: Nord-Ouest 3

Complètement à l'Est, Fin du périple. Splendide ! Ce vendredi soir, nos Ulysses peuvent avoir le SMILE!

Ils achèvent ce jour même leur ambitieuse navigation Dinaro-Taurique (l'arc Dinaro-Taurique est une longue dorsale montagneuse, née de la rencontre des plaques continentales africaine et eurasienne, et qui s'étend des Alpes Dinariques - Grèce continentale et tous les Balkans occidentales - au Taurus, massif bordant le sud de l'Anatolie, en Turquie. Dans sa partie centrale, dite hellénique, cet arc est précisément constitué des îles montagneuses que nos 3 amis ont longé...)

IMG_0565copie © T.Puyfoulhoux

La dernière étape ne fut pas la plus palpitante du voyage : la côtes nord-ouest de l'île de Rhodes n'est qu'une litanie de "plages à parasols" qui ne présentent aucun intérêt, sinon de concentrer une quantité notoire de chair fraiche savamment grillée au soleil...

En revanche, la ville de Rhodes et sa belle cité médiévale méritaient que nos compères y achèvent leur... colossale navigation à l'endroit même où fut bâtit le fameux Colosse de Rhodes...

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Et parce qu'ils le valent bien, ils ont été accueilli en héros au club nautique de la ville : douches chaudes et hébergement leur ont été gentiment offerts.

IMG_0638copie © T.Puyfoulhoux

Nos 3 lascars ont pris la décision de ne pas aller chatouiller les gardes-côtes turques et renoncent donc à mener une dernière "offensive" jusque sur les terres d'Atatürk.

Peu importe, le "smile" est total, encore un grand bravo à eux...

Le retour devrait débuter ce samedi ou dimanche. Il leur faudra encore un peu de patience pour traverser la Mer Égée en sens inverse (en ferry... ça devrait tout de même être un peu plus rapide qu'en kayak...) afin de retrouver leur véhicule laissé à la pointe sud du Péloponnèse et ensuite prendre la route du retour.

IMG_0639copie © T.Puyfoulhoux

Patience aussi pour les proches. Mais on compte sur vous pour les accueillir comme il se doit !

Merci à vous qui avez suivi ce périple et encouragé nos 3 lascars (vos messages sont désormais édités sur le blog).

En maraude à Rhodes

Dernière journée de navigation. Les déferlantes nous distrayent de ce paysage de serres, l’eau est toujours aussi turquoise, c’est une constante en Grèce. Symie et la Turquie que nous souhaitions initialement rallier sont là à 20 km à notre gauche.
À l’entrée du port de Rhodes, après l’obligatoire photo devant le cerf et la biche trônant sur leur colonne, nous débarquons au club nautique dont les moniteurs nous proposent gentiment une douche et la garde de nos bateaux. Nous aurons parcouru 745 km à la moyenne quotidienne de 31 km. Partis à la latitude de 36°30'40", nous arrivons à Rhodes: 36°27'02", le Smile, c’est le nom de notre expédition, est presque symétrique.
La journée s’achève en visite de la ville médiévale, merveille architecturale ou se tiraillèrent durant des siècles orient et occident. Dans une ambiance de médina, nous slalomons entre les rabatteurs des restaurants et les boutiques de souvenirs.


Message de Thierry.

Jour 25 / Dimanche 24 Octobre

Le Pirée à venir  Nous avons dormi sur le béton du club de voile couchés sous des dériveurs. Réveil au son d’une fanfare militaire puis des cloches de la messe, on est dimanche. Un pêcheur nourrit une aigrette de petits poissons qu’il capture à la ligne. Après un copieux petit déjeuner arrosé de café frappé, nous allons visiter le quartier turc et le château des chevaliers. Renseignement pris sur le prochain ferry à destination du Pirée, il nous reste tout juste deux heures pour plier bagage et embarquer à 17h. Traversée précipitée du port à la pagaie, escalade du quai et sortie acrobatique des kayaks à l’aide de sangles devant le ferry.


Lundi 25 Octobre, 6 heures du matin, arrivée au Pirée depuis Rhodes.

Après quelques recherches sur le port et sur internet, la location de voiture s’avère bien trop chère et le ferry pour Cythère ne part que Mercredi.Je tente de rejoindre Kifissou,la gare routière, par le bus mais personne ne parlant anglais et la signalétique des lignes (de bus) étant quasi inexistante (dans une ville qui a accueilli les J.O.) je saute finalement dans un taxi; l’autocar pour Neapoli est à 13h15. Arrivé à Néapoli à 20h, j'achète quelques bananes et retour au Pirée à 1h du matin. On charge la voiture et en route; orage diluvien sur Athènes, les avenues sont devenues des rivières et des lacs, les poubelles dérivent comme des radeaux. On se couche à 50 km de Patra vers 5h. Réveillés par les flics à 5h 40, ils s'inquiétaient de nous voir couchés par terre au bord de la route. Même les flics sont sympas dans ce pays, c’est dire... Super timing finalement. Les grecs, toujours aussi accueillants, un seul c... sur 25 jours (le pourcentage est beaucoup plus important concernant les touristes). Cette bourique nous a fait plier le camp en pleine nuit et sous la pluie, quelques heures après que je me soit pris un bain au débarquement en noyant le GPS, la camera et l'apn...

Bref nous voici de retour à la maison.

Mika s'est vraiment défoncé pour broder autour de nos malheureux SMS, chapeau à lui!


Quelques explications sur notre renoncement à toucher la Turquie

Nous avons terminé notre périple au port de Rhodes à 20 km des côtes Turques. Les vents sont annoncés contraires pour les jours à venir, la météo se dégrade lentement, oui l’automne est bien là. La perspective de revenir sur nos pas pour prendre un ferry à Symie à destination de Rhodes ne nous plaisait guère. Nous avions à l’idée dès le début de cette aventure que toucher Karpathos serait déjà en soi une réussite. La Turquie mérite plus que d’y poser un pied et d’en repartir, Symie est absolument à voir mais elle peut s’inscrire logiquement dans un voyage le long de la côte Turque ou dans une découverte du Dodécanèse à la pagaie. Bref, de mauvaises excuses sans doute mais de bonnes raisons pour revenir “Rhoder” dans ce coin de la Mer Égée.

Ayant coupé de nombreuses baies, la météo ne permettant pas toujours de caboter sereinement, nous aurons finalement navigué 745 km, soit une moyenne de 31 km journalière (16,73 miles pour les marins).

Mais un voyage en appelle un autre et nous sommes sensibles au chant des sirènes...


10 novembre 2010

Bestiaire et Bêtisier





 

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17 septembre 2010

Nos partenaires

SponsorsLogos

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un grand merci à ces marques qui nous ont fait confiance.

CRC pagaies : http://www.crc-competition.com/

Égalis équipement kayak : http://www.egalis.fr/

Navicom vhf : http://www.navicom.fr/

T.wipe Sport la serviette des sportifs :  http://www.t-wipe.eu

Silva compas, chargeur solaire, lampes frontales : http://www.silva.se/

Marie de Livinhac repas lyophilisés : thttp://www.mariedelivinhac.com/

Polyform kayaks : http://www.polyform.fr/index2.html

Expé équipement sport & camping : http://www.expe.fr/

Un grand merci aussi à Marco d'Espace Couture pour la confection de nos voiles.

À noter que Egalis a utilisé nos photos pour son catalogue 2011, Navicom a également utilisé les images de notre aventure pour communiquer sur ses produits.


 

19 octobre 2009

I want you, I need you...

En ce 26 Octobre 2009, l’équipe est constituée. Il est donc trop tard pour poser votre candidature. Il y a d’autres projets dans les tuyaux: Malte, Chypre. Stay tuned...

Je recherche des équipiers pour ce très beau parcours. Nombre de participants limité à 5. Aux vues des statistiques météo, il est inutile d’embarquer avant le 1er Octobre; le départ de France se fera donc très vraisemblablement  vers le 28  septembre 2010. Un engagement ferme est souhaitable avant le 15 novembre 2009.

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Photo Thierry Puyfoulhoux

Automne 2010 “TheSmileExpedition”: du Péloponèse à la Turquie.

Nous sommes en ce mois d’Octobre 2009 trois équipiers sûrs de partir, il reste 2 places.
Il faut être pour cela:
libre 37 jours (départ aux alentours du 28 septembre 2010 d’Embrun)
kayakiste endurant avec expérience en mer ou aisance en classe III
sociable (esprit de groupe et bonne humeur indispensables)
motivé (parcours loin d’être extrême mais à ne pas sous-estimer, il faut tenir 31 jours)

Possibilité de prêt de matériel par des sponsors si l’on s’y prend à temps.

PA040118

Photo Michael Charavin

Caractéristiques

Un raid motivé par le goût du challenge, une forte envie d’aller à la rencontre des autres et de se retrouver au contact étroit de la mer. 

Un tracé esthétique qui prend sur la carte la forme d’un immense sourire.

Une manière originale de passer de l’Europe à l’Asie et de remplir la boite à souvenirs.

Un raid “énergies renouvelables”: hydrates de carbones, force musculaire et éolienne.

Nous n’irons ni plus haut, ni plus loin, ni plus fort. Ce n’est pas l’expédition du siècle mais c’est la nôtre.
   Ce parcours n’a à ma connaissance jamais été réalisé en kayak.

Plan B
Si pour une raison quelconque la grande traversée (49 km) entre la le Cap Sideros (Crète) et Kassos se révélait compromise, nous bouclerions le tour de la Crète, soit 908 km avec retour au port de départ (Néapoli) en ferry. Dernière option possible: retourner à Néapoli à la pagaie, cela rajouterait 145 km et 4 jours d’effort mais nous ferait franchir la barre symbolique des 1000 km.
Je tiens à aborder la Crète en kayak depuis le continent: toucher terre après une grande traversée (ce n'est pas l’Atlantique non plus) sans assistance est un instant d'une rare émotion, un luxe que la législation grecque nous permet encore.

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Photo Michael Charavin

 

L’expédition en quelques chiffres
870 km de navigation (j'ai refait les calculs, il n'y aurait que 855 km...)
28 jours de kayak + 3 jours de repos
des traversées de 25, 30, 49, 43, 31 km
11 îles longées
3 mers: Mer Ionienne, Mer de Libye, Mer Égée
2 continents


Pour citer Michael Charavin:
Nos motivations profondes se résument en quelques mots : sport, performance et dépassement de soi. Aucune démarche éducativo-écologique, aucun alibi scientifique, aucune mission de promotion des énergies alternatives.  Non, point de volonté chez nous de sauver la planète ou de colporter un message quelconque comme le veut la tendance actuelle !
Si le ton employé ici est volontairement satirique, je précise tout de même que j’ai le plus grand respect pour ce genre de démarche lorsqu’elle est le fruit d'une réflexion poussée et d'un réel travail de sensibilisation. Moins quand il s’agit de répondre à une certaine mode du “écologiquement correct”. Car n’oublions pas que pour nous faire plaisir – ce qui est la motivation première de tout expéditionnaire, nous polluons certainement plus que le quidam qui reste sagement chez lui...).
Oui, juste le goût de l’effort et du dépassement ! Le plaisir égoïste, inutile, futile aussi, mais assumé de vivre une expérience rare. De vivre intensément...


BUDGET (qui peut être réduit si notre recherche de partenaires s’avère fructueuse)

Pour 3 personnes:
Essence + péages: 220 €
Divers ferries avec repas à bord: 833 €
nourriture: 450 €

Total: 1503 € soit 501 €/ personne

Retrouvez des images (quoi, déjà?) de ce futur raid dans la page "photos".


9 juillet 2009

Mise à l’eau

Vous aussi êtes pressés de vivre cette aventure? Pour patienter voici deux photos. L’une de la plage de Pounda ou nous embarquerons. On distingue Kithira (Cythère) à 17 km derrière Elaphonisos.

PoundaBeach2jpg

Cette autre photo du village turc de Aktur ou nous arriverons. La navigation ne sera pas pour autant terminée; il nous faudra retourner à Simi en kayak afin de prendre toute une série de ferries pour rejoindre notre point de départ.

_zil

19 juin 2009

Notre matériel

Nous n’allons pas tarder à entamer notre recherche de partenaires. Espérons que cette page sera, au jour de notre départ, garnie de nombreux logos...

Pour l’instant Je/nous naviguons avec de l’équipement personnel plus ou moins frais mais néanmoins en bon état de marche.

Deux Anas Acuta de chez Valley.

Âge estimé (au carbone 14) à 35 ans. Restaurés, réparés. Authentiques pièces de collection, l’étiquette est illisible mais ils doivent faire partie de la première série sortie des ateliers Valley: gelcoat au pinceau qui craque de partout, construction tout en "mat" gavé de résine et de bulles. C'est historiquement la première forme polyester jamais construite, copie d’un kayak esquimau traditionnel.

• peu stable malgré le siège rabaissé
• incroyablement marin: quel que soit l’orientation et la force du vent, bouchains vifs, pas besoin de dérive. Capacité de chargement très correcte: testé sur 20 jours en autonomie complète avec eau et nourriture, cela laisse supposer au moins autant dans des conditions froides si l’on remplace l’eau par de l’habillement et plus de vivres. Le pilote ne doit pas être trop grand et/ou gros.

Quelques remarques d’utilisateurs d’anas Acuta sur ce forum. Elles contredisent un peu ce que je pense du bateau, c’est sans doute que:

1) la forme d’origine a été modifiée.

2) que je l’utilise toujours très chargé contrairement à la plupart des gens que ne font que des sorties sur 1 ou 2 jours.

Un Skyros de chez Polyform.
• magnifique design: idéal pour faire le beau sur la photo.
• stable: idéal pour prendre des photos et rembarquer facilement en pleine mer.
• ingouvernable dans le vent sans une dérive.
• fragile: construction verre.

19 juin 2009

Les belles têtes de vainqueurs...

Thierry Puyfoulhoux

IMGP3668web  Photo: Laurent Demai

qui aura 48 ans en 2010.
Pour mon profil cliquez, mes expérience "kayak de mer" sont sur ce site: kayakiste.canalblog.com.
J’ai également navigué en Corse, sur les côtes de Provence, et un peu en Bretagne pour passer ma "qualif mer" du Brevet d’État. J’ai fait beaucoup de compétition en descente, slalom, marathon, course en ligne et pour finir freestyle avec 2 participations aux mondiaux de 1997 et 2001 quand c’était encore facile d’y concourir.
J’ai navigué sur quelques rivières exotiques: Zambèze (la merveille des merveilles), Nil Blanc, Népal, Canada. Les rivières arrivant en général à la mer, j’ai fini par tremper ma pagaie dans l’eau salée.

En 2008, j’ai fait partie de l’expédition “Wings over Greenland” (2200 km de traversée Sud/Nord du Groenland à ski) avec Michael Charavin et Cornelius Strohm.


Pierre-Etienne Viguier (PE pour les intimes)

 42692907_pTarno-aveyrono-lozérien. 28 ans en 2010. 11 ans de pratique loisir rivière et haute rivière en kayak dans le Massif Central et les Pyrénées. Quelques voyages pour naviguer en Corse, Galice, Portugal.
Un certain nombre d'années d'encadrements en club et structures commerciales en kayak, canoë et raft.
Peu de compétition en général, mais un goût prononcé pour la découverte de nouvelles embarcations.
Quelques navigations épisodiques en mer complétées par de rares randos en autonomie avec ma copine en kayak de mer bi-place.

 

Blog: thekiwitrip.canalblog.com        Email: pierre-etienne.viguier@laposte.net

Coté professionnel hors sport:
3 ans comme technicien de rivière au sein d'un syndicat intercommunal de 25 communes pour assurer des mission de gestion et d'entretien des milieux aquatiques (risque inondation, entretien des cours d'eau, communication & sensibilisation sur les milieux aquatiques...).

Après ces 3 ans, j'ai décidé de repartir au travail avec mon Brevet d'État Kayak pour voyager un petit peu avant de me poser vraisemblablement en terre lozérienne (48):

  • 1ère étape (été 2009): 2 mois comme barreur de raft sur l'Isère.
  • 2ème étape (21 sept 09/ 23 mars 2010): 6 mois en Nouvelle Zélande pour découvrir, travailler, naviguer et parler anglais couramment.
  • 3ème étape (printemps 2010): passer la qualif raft et Kmer du BE et pourquoi pas un permis transport en commun.
  • 4ème étape (été 2010) : une saison raft ou Kmer en France.
  • 5ème étape (automne 2010):  “The Smile Expedition”.
  • 6ème étape  (hiver 2010/2011): Qui vivra verra !...

Tristan Lion

P701004122 ans, amoureux des grands espaces et de la nature, je suis un touche à tout (eh oui enfance ardéchoise ça aide!). Kayakiste sans prétention, je suis aussi amateur de canyon, de parapente et de tout autres sports nature. Rêvant de nouveaux horizons, de nouvelles expériences, et de nouvelles rencontres je me lance motivé comme jamais dans cette expédition.
Mon état d'esprit positif, me permettra de me surpasser pour encore mieux en profiter et partager.
Diplômé d'eaux vives, je prends un vilain plaisir à faire partager mon lieu de pratique via le Raft ou la nage en eaux vives durant l'été.

Pendant l'hiver je vais me ressourcer en station de ski, pour apprécier une autres forme de glisse et sur l'eau qui plus est : le ski. Voilà un peu pour ma description, en mauvais rédacteur que je suis !

Email: tristan.lion@hotmail.frl#


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